Un nouveau système de bourses stimulant pour promouvoir les secteurs clés et stratégiques y compris la Recherche scientifique et l'innovation reste un passage inéluctable
M. Darchari MIKIDACHE, président du think tank " Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)
Par Darchari MIKIDACHE
Comment peut construire une nation solide dans mettre en place une politique de soutien de notre jeunesse y compris un système de bourses nationales aux mesures sur des domaines spécifiques et sur critères sociaux ?
Le manque de rigueur dans l'octroi des bourses est à bannir
Notre pays reçoit chaque année en aide des bourses d'études par des pays amis y compris le Royaume du Maroc. C'est en soi une bonne chose. Et ces bourses sont attribuées soit sur les mentions obtenues au Bac soit au gré des relations personnelles. Néanmoins, les bourses attribuées restent largement insuffisant en nombre au regard des besoins des étudiants comoriens et les formations suivies par ces derniers n'entrent pas forcément dans un plan national pour construire une stratégie visant à répondre aux besoins impérieux pour développer réellement les Comores et construire un programme de développement des ressources humaines nationales répondant à un plan quinquennal ou décennal de décollage économique pour les opérateurs économiques ou pour les secteurs stratégiques ou clés pour l'Etat comorien.
Le développement de nouveaux pôles d'excellence et de bourses nationales pour les secteurs stratégiques, un axe clé pour réussir
Face à une telle situation, il est temps de réfléchir ensemble et d'engager des réformes nationales au niveau de l'éducation nationale. Cela doit commencer par davantage de professionnalisation des cursus universitaires et la création de lycées techniques et professionnels et le développement d'un véritable Pôle d'excellence centre national de recherche scientifique réunissant les meilleurs chercheurs dans tous les secteurs stratégiques pour le pays, un suivi plus étroit des étudiants comoriens à l'étranger ayant obtenu des bourses de pays étrangers au nom de l'Etat comorien et la construction d'une politique nationale de soutien de la jeunesse avec notamment l'attribution nationale de bourses sur mérites pour les secteurs stratégiques et des bourses selon des critères sociaux et universitaires en plus de la revalorisation des infrastructures scolaires et universitaires sur le territoire national de manière équitable et pérenne.
Un nouveau système de bourses stimulant pour promouvoir les secteurs clés et stratégiques
La mise en place d'un système national de bourses qui pourraient être financées par exemple sur une taxe sur les produits pétroliers doit répondre à plusieurs exigences :
- répondre à la nécessité de promouvoir une véritable filière scientifique comorienne dotée de moyens logistiques, pédagogiques et à vocation de fournir des chercheurs pouvant soutenir une Recherche scientifique débouchant sur des avancées significatives permettant à l'Union des Comores de rayonner au niveau international dans les dix prochaines années ;
- développer un pôle technologique et informatique permettant à terme des innovations technologiques permettant l'éclosion d'une économie digitale créatrice de nouveaux emplois directs et indirects ;
- lancer des recherches sur les secteurs à fort potentiel et non encore explorés jusqu'ici notamment dans la recherche marine et pétrolière, l'agronomie, la transformation et le conditionnement des produits locaux et des ressources naturelles y compris dans les produits de rente (vanille, clous de girofle, ylang ylang, huiles et essences de fleurs, etc.) ;
- développer des techniques, des méthodes de travail et des pratiques nouvelles et plus efficaces permettant l'augmentation de la productivité nationale dans les secteurs clés et une hausse significative de la production nationale dans les filières où le pays dispose un avantage comparatif y compris au niveau de l' agriculture et de l'industrie de la pêche ;
- lancer des nouvelles sociétés d' à capitaux publics et privés avec un actionnariat ouvert recrutant les meilleurs experts et gestionnaires. Cela doit déboucher à terme dans les 10 années à venir des industries dans des domaines nouveaux permettant la vente de produits finis comme la fabrication d'huiles essentielles bio et la parfumerie de haute gamme.
Un financement original, clé de voûte de la nouvelle stratégie
Un programme national de financement et d'accompagnement de cette stratégie reste indispensable. La mise en place d'un emprunt d'Etat pour le développement national auprès des opérateurs institutionnels et des investisseurs du secteur privé et à terme de la diaspora reste un passage obligé. En outre, il est possible de créer des produits financiers captant l'épargne dormant dans les banques sous forme de Livret d'Epargne Développement (LED).
Une gouvernance publique exemplaire et un meilleur climat des affaires et de la justice, des conditions indispensables pour réussir le changement
Bien entendu la mise en place de ces propositions et de cette vision implique la mise en place d'une gouvernance publique transparente, rigoureuse et dynamique. De même, le climat des affaires et la sérénité de la justice doivent être améliorées de manière notable. L'Etat devra également lutter plus activement contre les fuites des recettes publiques et assurer une plus grande crédibilité dans ses choix stratégiques et dans la mise en oeuvre de sa politiques économiques notamment en réduisant significativement le coût global du crédit pour les entreprises innovantes ou les initiatives privées des jeunes entrepreneurs. Tout est question de volonté politique, de vision et de détermination patriotique.
Darchari MIKIDACHE
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