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 Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)

Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)

par Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)

www.ceec-comores.com


A l'approche de la nouvelle année 2015, la Nation comorienne doit partir sur des bonnes bases afin d’affronter les défis que sont le chômage massif, la restauration d’une justice à la fois équitable et impartiale et la résolution des problèmes quotidiens de la population tant en termes de niveau de vie et de santé en termes d’infrastructures. La construction de notre pays les Comores passe notamment par la construction de plusieurs ponts au sens figuré du terme. Ces derniers doivent permettre à l’État comorien de renforcer sa crédibilité aux yeux de sa population. Ils lui permettraient également d’exercer pleinement sa souveraineté quant au développement économique et social.




Un pont de l'implication de la diaspora et de la gestion transparente des finances publiques au service du développement économique.


Les compétences et les ressources de la diaspora doivent être mises au service du développement des Comores. Ainsi, une politique innovante de valorisation des savoir-faire de la diaspora comorienne et un programme pluriannuel de stimulation de l’entrepreneuriat doivent être mis au service de notre pays. Des mesures d’accompagnement et de facilitation permettant la création d’emplois privés avec un fonds national de développement de l’entrepreneuriat et du secteur privé sont primordiales (fonds de garantie, bonification de taux d’intérêt, tutorat, accompagnement administratif, comptable et financier).
Les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre tous les outils nécessaires pour augmenter les recettes publiques sans alourdir davantage les prélèvements obligatoires. Il existe une palette de solutions pragmatiques et pratiques pour augmenter le taux de recouvrement des recettes fiscales et réduire le secteur informel. La responsabilisation personnelle et pécuniaire de tous les responsables de deniers publics doit devenir opérationnelle. Les fuites et le détournement des recettes en amont et en aval doivent être tuées dans l’œuf pour que l’État puisse honorer ses engagements financiers à commencer par les traitements et salaires des agents publics. Un plan de réduction du train de vie de l’État doit être mis en œuvre rapidement.

Un pont générationnel entre la jeunesse, les jeunes cadres , les responsables publics et les politiques
Il convient de restaurer la confiance du peuple dans nos dirigeants. La crédibilité de l’État et des responsables publics se mesure à travers le respect des engagements des hommes d’État. Le respect de la parole donnée et des promesses des candidats aux différentes élections constitue une impérieuse nécessité pour redonner les lettres de noblesses à la politique. Il convient désormais qu'une égalité de chances soit octroyée à chacun pour que le sentiment d’égalité puisse apparaître chez nos concitoyens. Pour ce faire, les autorités publiques doivent privilégier les compétences et les savoir-faire des jeunes par le biais de sélection et concours équitables. Il est essentiel de distinguer les procédures de nomination des politiques et des cadres et techniciens des administrations publiques. L’Autorité de la Fonction publique devra jouer pleinement son rôle en mettant en place un service interministériel d'organisations de concours en fonction des besoins des administrations et agences publiques en toute impartialité. La correction anonyme de épreuves de sélection ne doit plus être un vain mot.
Par ailleurs, il est urgent de créer un service national performant de formation continue et de recyclage des agents publics et assimilés afin que ces derniers puissent mieux exercer leurs métiers et acquérir de nouvelles compétences utilisables dans le cadre d'un grand programme de réformes administratives que j'appelle de mes vœux. Une plus grande professionnalisation des modules de formations universitaires et une programme de développement de l'enseignement technique et professionnel dès le secondaire constituent des axes majeurs de réformes attendues au niveau de l'éducation nationale.



Un pont de l'alternative crédible pour insuffler un véritable changement qui prendra certes de nombreuses années

Cela passe par une justice et une lutte contre la corruption avec une exécution des peines et des décisions de justice. Un conseil de Magistrature du pouvoir judiciaire devra être mis en place rapidement pour évaluer et sanctionner le travail des juges en cas de dysfonctionnement manifeste. Il aura aussi le pouvoir de d’auto-saisir pour détecter les cas de corruption de juges et magistrats en commençant par des sanctions disciplinaires et de réaffectation. Le conseil devra aussi signaler les cas d’enrichissements illicites des magistrats et fonctionnaires du Ministère de la Justice ou d’autres administrations. Ces femmes et hommes de loi devront justifier les sources et l’origine de leur enrichissement. À défaut, en plus des sanctions disciplinaires et civiles, ils feront l’objet de sanctions et amendes fiscales dans le cadre d’un examen de la situation fiscale personnelle par l'administration fiscale.
L’objectif consiste notamment à rendre la justice équitable tout en faisant en sorte que les actes de corruption passive et active au sein des institutions judiciaires ne restent impunis. Le Conseil de magistrature du pouvoir judiciaire pourra à tout moment faire appel à des experts assermentés extérieurs et indépendants pour accomplir sa mission.




Un pont non d’assistance entre assistants et assistés mais entre collaborateurs dans le respect mutuel et dans un esprit patriotique


Il convient de sortir de la logique de pays assisté. Certes, l'aide publique extérieure est indispensable mais il ne faut pas qu’elle conduise à une désincitation des autorités publiques et des communautés villageoises à se prendre en charge. Il convient de privilégier la coopération Sud-Sud Nord -Sud sur la base des besoins spécifiques de notre pays et non sous forme d'aide liée. Il y a lieu d’éviter les aides multiples pour des projets qui ont des objectifs similaires. Notre pays dispose de richesses naturelles et d’atouts insuffisamment exploitées. L’augmentation de la productivité des productions agricoles et la transformation de nos produits locaux y compris l’ylang-ylang, la vanille et les clous de girofle en produits finis exportables et créateur d’emplois et de valeur ajoutée est un axe à développer. Il est essentiel de développer les produits nationaux "Made in Comores" et de réduire les exportations avec un programme pluriannuel stimulant pour les producteurs, les exploitants agricoles et les opérateurs économiques qui privilégient la valorisation et la transformation des produits locaux. Dans cette perspective, il est essentiel de développer une diplomatie économique offensive afin de permettre non seulement de faire venir des investisseurs potentiels au pays mais également d'ouvrir de nouveaux marchés pour les opérateurs économiques nationaux.




Un pont de l'Unité des Comores reste incontournable


Il est nécessaire de renforcer l'unité du pays en rendant les administrations et sociétés d’État proches des préoccupations des citoyens. Certes, cela passe avant tout par la construction d’infrastructures routières et sanitaires y compris les puits et points d’eau potable, dignes de ce nom.
La priorité est avant tout de réduire au maximum les délestages d’électricité préjudiciables à l’économie nationale et aux populations dans leur vie quotidienne. Les efforts actuels doivent être accélérés avec la mise en place d’un fonds de développement des infrastructures intégrant notamment le fonds d’entretien routier (FER). Pour ce faire, ce dernier pourrait être financé notamment par des fonds et prêts provenant de l'argent qui dort dans les livrets d’épargne des banques et établissements de crédits après structuration et mise en place d’une caisse des dépôts et de gestion de l'épargne. Selon le rapport de la Banque centrale des Comores du premier trimestre 2014, 31 milliards de fonds de livret d’épargne dorment dans les banques.


Par ailleurs, il est essentiel de renforcer les services déconcentrés de l’État notamment en permettant aux représentations dans les îles en particulier à Anjouan et à Mohéli de rendre des services concrets aux populations pour que les citoyens qui y vivent ne soient obligés de voyager à la capitale un simple acte. Une charte de qualité des services publics avec l’implication des agents publics et des citoyens reste indispensable. Les Autorités publiques doivent rendre l’unité du territoire national effective. Les administrations et les services publics doivent se rapprocher des citoyens afin de leur faciliter les démarches administratives avec des services de qualité.
Un grand déploiement et une rotation régulière des fonctionnaires sur l’ensemble du territoire dans le cadre d’un plan global de rotation des agents publics sur tout le territoire national est nécessaire. Cette stratégie s’inscrit dans la continuité d’une réforme globale des services publics et parapublics qui me semble essentielle afin de disposer d’une administration publique efficace.


Enfin, la protection et la préservation du patrimoine national constituent un des axes majeurs pour valoriser notre pays et développer le tourisme. L’essor de ce dernier implique nécessairement la mise en place d’une stratégie novatrice gagnant- gagnant afin rendre compétitifs et abordables les tarifs des billets des transports aériens à l’intérieur du territoire et vers la destination Comores.
Un effort national doit être fait pour réduire les taxes et frais annexes pour abaisser le coût global des compagnies aériennes et exiger en contrepartie une baisse significative de leurs tarifs. Il est primordial que des actions collectives, publiques et privées, des campagnes de sensibilisation se mettent en place avec un programme national de réhabilitation de l'environnement et des sites historiques. Une loi organique devra être votée dans ce sens. Développer notre pays commence par la préservation de notre histoire, de notre patrimoine et de notre environnement. Les bénéfices attendus en termes de santé publique, d’emplois, de croissance économique et d’afflux de touristes ne sont pas négligeables sur le moyen et long terme. Il est temps de faire le premier pas.


Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens"
www.ceec-comores.com
Contact: ceec.comores@gmail.com

Tag(s) : #Economie
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